Audrey Baylac
Écotourisme,  S'organiser,  SLOW TOURISME

Mon expérience professionnelle dans le tourisme et le voyage

Avant de décrire le parcours qui m’a mené à vivre une expérience professionnelle dans le tourisme, une première question se pose. En effet, nous pourrions nous interroger sur les éléments de notre enfance qui nous poussent à choisir une certaine orientation professionnelle. Pour ma part, j’ai eu la chance de pouvoir grandir dans un environnement naturel, loin des villes, m’offrant ainsi cette sensibilité particulière au vivant et à la nature. Et d’autant plus que cet environnement naturel s’articulait entre divers paysages : les prairies de coquelicots bordées de chênes verts et d’oliviers, la Camargue sauvage peuplée d’oiseaux et de chevaux, puis les longs étés en Corse à explorer les fonds marins. Je naviguais constamment dans ces univers. Croyez-moi, difficile d’être insensible à la poésie quand la douceur des paysages éblouit votre quotidien !

Les chantiers internationaux : le mariage du patrimoine et de l’interculturalité

Nul doute, j’allais prendre une orientation littéraire lors de mon parcours scolaire. Puis, c’est dans mon village d’enfance que j’ai découvert, alors que j’étais encore adolescente, l’existence de ces initiatives solidaires dans le cadre de chantier internationaux ! En effet, le parc et le petit château du village faisaient office d’un chantier de rénovation. Pour cela un groupe de jeunes bénévoles venus de divers pays travaillaient sur ce projet. J’avais eu un vrai coup de cœur ! Et c’est sur les bancs du lycée que je projetais de rejoindre les chantiers internationaux. Le baccalauréat en poche, je suis partie ni une, ni deux, à la rencontre des Compagnons Bâtisseurs. Mais il existe cependant d’autres associations proposant des activités similaires.

Donc pendant plusieurs années, j’ai animé au sein des Compagnons Bâtisseurs, des chantiers de rénovations du patrimoine en tant qu’animatrice culturelle. L’aventure était de taille à chaque chantier. Allez, je vous raconte un peu plus en détails ce type de séjours, et le bonheur d’avoir vécu cette expérience de vie professionnelle !

Les Compagnons Bâtisseurs en quelques mots

L’origine des Compagnons Bâtisseurs date de la fin de la seconde guerre mondiale dans le contexte de la guerre froide. En 1953, le père fondateur Werenfried Van Straaten fait appel à des étudiants pour aider les réfugiés de guerre à construire des logements. Cet appel donne naissance aux Compagnons Bâtisseurs. Et en 1957, le mouvement rejoint la France. Alors de jeunes volontaires participent à des chantiers. Aujourd’hui, les Compagnons Bâtisseurs agissent autour de projets d’auto-réhabilitation accompagnée.

Quant au volet « chantiers internationaux », ils peuvent être vécus localement ou à l’étranger. Les partenaires des Compagnons Bâtisseurs sont implantés dans le monde entier ! Il s’agit de fournir un service à une collectivité. On participe à une vie de groupe. Et on met de côté ses habitudes et le confort de la vie moderne. Être volontaire ou bénévole, c’est apprendre à mieux se connaitre. C’est s’ouvrir sur le monde et développer aussi des compétences utiles pour notre vie sociale, professionnelle et citoyenne.

Le déroulement d’un chantier international

Le rôle d’un animateur culturel sur un chantier international est complémentaire avec la participation d’un animateur technique. L’un s’occupe de la vie de groupe et de l’échange interculturel ; l’autre prend en charge la mission technique.

En tant qu’animatrice culturelle, je devais m’occuper de l’accueil du groupe. Aussi, je devais veiller à la vie du chantier au quotidien. Et proposer des activités culturelles et sportives pour découvrir la vie locale. Le tout devait permettre de développer une synergie dans le groupe et de leur offrir un moment de rencontres exceptionnelles. En effet, être bénévole sur un chantier international n’est pas anodin. C’est un profil de personne assez spécifique. Donc ce sont des gens qui offrent leur temps pour construire et ils sont ouverts à la rencontre. La plupart des bénévoles venaient des quatre coins du monde. Ce qui apportait une richesse culturelle incroyable au séjour ! L’occasion d’être dans la découverte linguistique, culturelle, culinaire. Le monde entier venait à moi!

Et au delà de la bienveillance pour la cohésion du groupe, je créais des animations pour leur faire découvrir la culture française. Par chance, les chantiers que j’animais été toujours en milieu rural : j’ai pu créer des activités culturelles et sportives idéales ! Rencontres d’artisans, dégustation de vins locaux et découverte de chais, balades au marchés, bals traditionnels dans les villages, nuits à la belle étoile, randonnées, sorties en voilier, etc. Pour l’aspect technique d’un chantier, celui-ci est varié. J’ai pu travailler sur la rénovation d’un château, d’une bergerie, la réhabilitation d’une sacristie, des charpentes ou la reconstruction de murs d’églises, sur la création d’un parcours écotouristique dans le Marais du Viguierat, etc.

Mais le travail d’une animatrice culturelle ne s’arrête pas là. Car il est nécessaire de créer du lien avec les populations locales. Le but étant d’amener les bénévoles à la rencontre locale. Mais aussi de permettre aux habitants et aux collectivités d’être dans l’échange interculturel. Cette longue période d’expérience professionnelle a influencé ma vie d’une façon indélébile.

Une mission humanitaire en Inde du Sud

Pondi, ma chérie

Alors que j’étais sur le marché de Saint-Jean-de-Cuculles pour vendre le miel de mon oncle apiculteur au Pic Saint-Loup, Martine, ma voisine de marché m’avait prêté la Gazette de Montpellier. Ainsi j’occupais un peu mon temps. Puis, j’ai découvert lors de ma lecture, une petite annonce. Celle-ci a bouleversée ma vie : « recherche bénévoles pour partir en mission humanitaire en Inde, contacter Jean-Paul de l’association Parrainages Inde. » Quelques jours plus tard, me voilà à bord d’un voilier dans le port de Palavas-les-Flots. Jean-Paul y organisait une réunion de rencontre pour la mission humanitaire. Le voyage avait déjà commencé !

Les semaines passèrent, et je prospectais en tant que bénévole pour l’association Parrainages Inde à Pondicherry, dans le Tamil Nadu. L’association aide concrètement des femmes très pauvres, seules. Elles sont souvent veuves ou abandonnées avec des enfants à charge. Durant mon séjour, j’avais pour mission d’accompagner la structure locale au bon développement de l’accueil de nouvelles familles. Souvent je partais sur le terrain avec un(e) interprète dans les campagnes environnantes, dans des bidonvilles aussi. Je devais rencontrer les familles parrainées pour voir si tout se passait bien pour elles. Puis, je devais tenir informé les parrains en France du bien-être de leurs filleuls. Et souligner les besoins d’urgence.

Cette mission m’a permis d’être réellement dans un voyage immersif. J’ai pu partager mon quotidien avec les familles indiennes. Je partageais de nombreux repas, je dormais chez l’habitant. Et je visitais le territoire autrement que par le biais d’un circuit touristique classique. J’ai pu partir également à la rencontre d’autres initiatives locales, que ce soit dans le Kerala ou à Chennai.

Les années facs pour affiner mes connaissances et consolider la suite de mon expérience professionnelle

Un master recherche en sociolinguistique

En parallèle, j’avais poursuivi mes études à l’université. Là aussi, je ne n’avais pas prévu d’y faire un si long voyage ! Mais le choix de ce parcours a beaucoup de sens pour moi. Aujourd’hui le sens de mes études et de mes expériences professionnelles se poursuivent au travers de mon activité professionnelle indépendante. Aussi, tout au long de ce parcours universitaire, j’ai ponctué des temps de pause à travers des voyages, mais certainement que ce sujet sera abordé dans un autre article.

En quelques mots, j’ai poursuivi mes études à Aix-en-Provence. J’ai pu intégrer le Laboratoire de Parole et de de Langage. C’est un lieu unique ! Le LPL a pour objectif de comprendre les processus de production, de perception et de compréhension du langage oral et écrit. J’ai eu la chance d’avoir une équipe d’enseignants chercheurs passionnants. Et de pouvoir ainsi suivre un enseignement en sociolinguistique de qualité, avec le professeur Louis-Jean Calvet. Sensible aux langues et à la vision du monde qu’elles véhiculent, je pense qu’être curieux des langues locales en voyage est un engagement en faveur du tourisme durable.

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Mon travail de recherche s’articulait autour de la problématique des langues en danger dans un contexte de mondialisation. Le sujet vous intéresse ? Donc je vous laisse un lien pour lire mon mémoire « La vitalité des langues: reconsidération du patrimoine linguistique en Afrique. »

« Composantes fondamentales de la culture, les langues sont un facteur essentiel pour la construction de l’identité culturelle d’une communauté. Le patrimoine linguistique est considéré comme un vecteur de culture. La disparition des langues ne représente pas seulement la perte d’un mode langagier. Elle implique inévitablement la perte d’une culture propre à une communauté. »

Un master professionnel en valorisation du patrimoine

En finalisant cette formation universitaire en recherche et sociolinguistique, j’avais besoin de compléter mon parcours avec des outils plus professionnalisants. Donc j’ai intégré un master professionnel en valorisation du patrimoine et des politiques culturelles territoriales à l’université de Pau, dans les Pyrénées Atlantiques. Saviez-vous que le département 64 est un département linguistiquement parlant bicéphale ? La corne d’abondance pour une sociolinguiste ! En effet, le basque et le gascon y sont des langues régionales très vivantes : elles sont parlées, écrites, enseignées, etc. Les traditions autour de ces langues sont encore pérennes dans les cultures locales.

Ainsi, j’ai choisi de diriger mon sujet d’étude autour de la langue occitane. Face à notre monde moderne, de nombreuses langues disparaissent. Celles-ci ne peuvent-elles pas contribuer à favoriser le développement durable ? Comment la promotion des langues pourrait-elle être un facteur de développement territorial ?

L’Institut culturel occitan, l’InOc

Au final, j’ai pu intégrer le CIRDOC dans le cadre de mon sujet d’étude, de mon stage professionnel, mais aussi dans le cadre de missions complémentaires autour de la valorisation de la filière du livre d’auteurs en langues régionales. L’InOc Aquitaine est un opérateur régional pour la langue et la culture occitanes. J’ai pu participé à l’organisation des rencontres littéraires des 2 versants pyrénéens. À Pau, des auteurs d’expression aragonaise, basque, castillane, catalane, française, et occitane se retrouvaient autour d’un thème pour parler de leur vision du monde dans leur langue. Dans cette vidéo, vous pourrez entendre la langue occitane pour les plus curieux!

Et les numéros complémentaires sont …

Un D.U en Français Langue Etrangère

Lors de mon parcours universitaire, j’ai également obtenu un Diplôme Universitaire en Français Langue Etrangère. Sachez que je suis assez passionnée par les langues, et j’ai beaucoup de plaisir à parler, allemand, italien, anglais, … Donc j’avais en tête de trouver des opportunités professionnelles pour séjourner ponctuellement à l’étranger. Une alternative idéale à mes yeux pour réellement découvrir un pays et sa culture. Tout cela fait sens un peu plus loin dans mon parcours !

L’écotourisme

Aussi j’ai également complété mes connaissances sur la thématique de l’écoutourisme. D’une part avec une formation proposée par l’université de Jendouba (Tunisie) et l’université de Toulouse. D’autre part, j’avais pu expérimenter la mise en place du itinéraire écotouristique avec les compagnons Bâtisseurs.

Aussi j’avais réalisé un séjour en écotourisme dans la  province de Tiznit au Maroc. Lors de ce voyage, j’ai rencontré sur place l’équipe coordinatrice locale. Et j’ai pu découvrir ainsi leur expérience sur le terrain. Comment créer des activités génératrices de revenus pour les habitants ? Quelle est l’implication des acteurs du tourisme pour structurer un tourisme durable et solidaire ? En quoi un tourisme responsable et solidaire implique la formation des acteurs sur des problématiques touchant le secteur de l’eau, de l’environnement, de l’alphabétisation, etc ? Bref, l’approche de tout un éventail de questions autour du tourisme durable mis en pratique sur le terrain.

Berlin quand tu nous tiens !

Alors j’ai dit au revoir au Béarn et à la côte Atlantique ! Pour partir vivre une belle et total verrückt année à Berlin.

L’Institut Français de Berlin, une expérience professionnelle enivrante

J’avais déjà séjourné plus d’une année à Cologne en Allemagne, pour intégrer une école d’apprentissage de la langue allemande. Lors de ce séjour, j’avais visité la ville de Berlin. La messe était dite ! Je rêvais de passer une année pour réellement découvrir tous les quartiers berlinois. Puis ce n’est que quelques années plus tard, à la fin de mes études que le rêve s’est réalisé. Ainsi j’ai pu intégrer un programme en tant qu’assistante de langue française. Puis j’ai obtenu un poste dans une école primaire allemande pour une année scolaire.

Aussi, cette mission m’ouvrait les portes de l’Institut Français de Berlin. Je pouvais compléter mon parcours professionnel en tant qu’examinatrice de DELF-DALF. C’est-à-dire que je faisais passer des oraux de français certifiants, pour un public étranger. Je participais aussi à la correction des examen écrits au sein des bureaux de l’Institut Français. D’ailleurs, c’est un lieu très accueillant, je vous invite à vous y rendre si vous séjournez à Berlin ! Puis j’ai conservé cette activité d’examinatrice en langue française pendant quelques années. Car j’avais pu intégrer l’équipe des examinateurs à l’IEFE à l’université de Montpellier.

Vers mon indépendance professionnelle


L’aventure berlinoise est achevée, je suis rentrée dans mon pays de garrigue et de rivières sauvages, près des oliviers et des flamants roses.

Mon erreur de parcours, une autre expérience professionnelle

Donc j’avais rapidement obtenu un poste de salariée dans un Office de Tourisme. Quelle chance me suis-je dit ! J’étais sincèrement heureuse d’avoir trouvé cette place. D’autant plus qu’il s’agissait d’un office de territoire. Je travaillais donc en zone rurale sur plusieurs villages. Et j’ai mis tout mon cœur dans cette mission professionnelle. Je pensais naïvement pouvoir partager des valeurs sociales et environnementales. J’imaginais mettre en lumière les acteurs du territoire, coopérer durablement pour faire grandir la qualité de l’accueil touristique. Or, j’ai réalisé au fil du temps, que le scénario de ma mission professionnelle n’irait jamais dans ce sens là. Cependant, même si cela était une vraie contrainte de ne pas pouvoir travailler sur les dynamiques territoriales dans le sens des valeurs du développement durable, j’ai gardé à l’esprit qu’il s’agissait bien du chemin que je voulais poursuivre en terme d’expérience professionnelle.

Toutefois, je tiens à préciser que la qualification « d’erreur » de parcours reste une expérience positive dans le sens où cela a été une opportunité pour explorer le terrain de l’indépendance professionnelle. De plus, cet office de tourisme a été fermé très peu de temps après mon départ. La mauvaise gérance interne et hiérarchique de la structure était très forte. Aussi, je ne reste absolument pas amère de l’expérience professionnelle dans cet établissement, et bien au contraire, j’aspire toujours à coopérer avec des offices de tourisme engagés dans le développement durable du tourisme.

Donner du sens à son parcours professionnel, être en accord avec ses valeurs

Et très vite, j’avais compris que cette erreur de parcours était en fait une opportunité. Mais ceci est un tout autre chapitre. D’ailleurs j’ai déjà abordé le sujet dans un billet précédent. En effet, je souhaitais expliquer pourquoi j’avais créé un média en ligne sur le slowtourisme. Je vous laisse poursuivre la lecture si vous souhaitez en savoir plus sur les objectifs de L’Atelier Bucolique.

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