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Un voyage durable au long cours : 4 ans à vélo sur les routes d’Amérique

La question de la mobilité douce est centrale dans le voyage éco-responsable. S’interroger sur l’utilisation des transports est préalable à la création de nos vacances écologiques. Aussi, il est passionnant de partir à la rencontre de voyageurs qui sont très engagés dans la démarche de tourisme durable. David Gasc est un de ces voyageurs exceptionnels. Un aventurier qui a réalisé un voyage de 4 ans à vélo sur les routes d’Amérique! Comment concevoir un tel voyage ? Au-delà de cette itinérance douce, c’est aussi une aventure humaine incroyable. C’est également une ouverture à la rencontre d’initiatives de tourisme durable et de préservation de l’environnement. Dans cet interview, David nous partage sa vision et sa philosophie du voyage responsable.

🎧🔻Pour écouter l’interview c’est à la fin de l’article ! 🔻🎧

Le blog, le récit de ton voyage à vélo  

David, tu es l’auteur du blog « Sur la Route du Patrimoine », pourrais-tu nous présenter la naissance de ce projet ?
À qui s’adresse-t-il ?

Tout d’abord, ce projet Sur la Route du Patrimoine, c’est l’envie de découvrir et de partager les richesses, aussi les menaces autour du patrimoine naturel et culturel du continent américain. Donc c’est un continent où je n’avais jamais été. J’étais très curieux de connaitre cette richesse que j’avais pu découvrir à travers des documentaires. Mon idée de ce blog, c’était de découvrir des parcs naturels, des sites classés, des traditions culturelles. L’idée était de faire ressortir les bonnes pratiques par rapport à la responsabilité sociale des entreprises et en ce qui concerne le tourisme responsable.

Donc ce blog, je l’ai alimenté pendant 4 ans. Aujourd’hui j’essaye de l’alimenter encore. Il contient plus de deux cents articles. Il traite de destinations, il y a des parties qui sont plutôt des roadbooks. Aussi il y a des fonds de carte qui donnent des bons plans pour sortir des sentiers battus. Ecrits en 4 langues, ce blog s’adresse aux amoureux de l’aventure, de l’Amérique latine. Mais aussi à des gens consciencieux des problèmes de la biodiversité sur ce continent. Et des amoureux de la bicyclette ! Puisque je suis un fan de cyclotourisme.

La découverte d’initiatives de tourisme durable

Tu as donc l’incroyable expérience d’un voyage de 4 ans à vélo, sur le continent américain.
Comment as-tu pu découvrir des initiatives de tourisme durable et de préservation de l’environnement lors de ce voyage ?

Alors j’avais pour fil rouge, de suivre des sites classés, patrimoniaux, soit naturels, soit culturels. Cet itinéraire a beaucoup évolué en fonction des rencontres et des conditions du terrain. En effet, quand on voyage à vélo on n’a pas toujours des facilités logistiques pour suivre un chemin qu’on a décidé de suivre. Au dernier moment, ce chemin peut-être coupé par exemple ! Mais j’ai suivi mon idée d’aller à la rencontre de projets éthiques, autour du tourisme.

Était-ce programmé en amont, as-tu trouvé des adresses avec le bouche à oreille, par des sites internet en particulier ?

Le bouche à oreille a fonctionné. C’est-à-dire que j’ai eu des sources sur internet de contacts, de projets à priori intéressants autour de l’écotourisme, du tourisme responsable, de tourisme solidaire. Lorsque c’était possible, que mon passage correspondait à la disponibilité des gens, je les ai rencontré. Ensuite de fil en aiguille, par le bouche à oreille, j’ai pu rencontrer de nouveaux projets. Et donc, de poursuivre mon chemin, parfois en détournant mon itinéraire par rapport à ce qui était prévu. Ainsi j’ai pu découvrir des projets incroyables !

Tourisme durable, voyager et changer de vie

Ce voyage a-t-il pu t’apporter une ouverture sur une autre façon de vivre, plus respectueuse et plus durable ?
Quels sont les projets qui ont le plus apporté pour ton mode de vie et ton approche du quotidien aujourd’hui ?

À travers ces différents projets, ça m’a donné des idées autour du tourisme et des choses à ne surtout pas faire. Par exemple, j’ai rencontré des agences de voyage vraiment éthiques : au Nicaragua, en Bolivie, au Mexique. Aussi des idées d’éco-hébergements, tout à fait intéressants, qu’on peut facilement transposer dans d’autres contextes que l’Amérique latine, comme par exemple aux États-Unis. J’ai aussi rencontré des initiatives autour du tourisme communautaire. Bien que ce soit souvent associé à des formes de tourisme dans des communautés locales, voire indigènes, ce peut tout à fait être adapté à un tourisme à l’occidentale. Par exemple en France pourquoi pas développer un tourisme autour de territoires ruraux.

Ce voyage qui a duré 4 ans, ce n’est pas anodin. Cela change une vie. Pour moi ce voyage est un morceau de vie. Cela m’a fait changé de perspective, aiguisant ainsi mon esprit critique sur beaucoup de choses. Notamment sur le tourisme, mais plein d’autres choses. Après avoir visité beaucoup de projets autour de la permaculture, aujourd’hui je jardine. Car j’ai souhaité découvrir tout ce qui est agro-écologie lors de ce voyage à vélo. Aussi j’essaie de développer des produits qu’on peut tous réaliser : des produits de soins, de nettoyage, ou produire sa propre alimentation.

Devenir végétarien

En matière d’alimentation, comme beaucoup de cyclotouristes que j’ai rencontré, et aussi d’aventuriers, je suis devenu quasiment végétarien. Ce que je n’étais pas du tout avant ce voyage à vélo. Finalement, c’est après m’être rendu compte des néfastes de l’agriculture intensive. En effet, quand on voit un champ ou une forêt en train de partir en fumée pour ouvrir de nouveaux pâturages et produire de la viande. On se pose des questions.

C’est ça l’idée du tourisme responsable : tout acte a un impact quelque part dans le monde.

L’environnement et les communautés locales

Et lorsqu’on parle de voyage ou de loisirs, c’est la même chose. Que l’on choisisse un type de voyage ou un autre, cela va avoir des conséquences plus ou moins néfastes ou positives sur les communautés et l’environnement. Donc je souhaite aller dans le sens d’un tourisme qui bénéficie aux communautés locales. Et qui essaye de préserver la biodiversité. Aussi, j’essaye d’éviter tous modes d’exploitations et de tourisme de masse.

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Le choix de l’hébergement

Par rapport à l’aspect hébergement, aujourd’hui cela a influencé mes modes d’hébergements. Dès que je peux, je campe. Dans le cadre de mon travail, lorsque j’ai des missions professionnelles, au lieu d’aller dans un hôtel, j’utilise les réseaux d’hospitalités tels que couchsurfing. Alors que je peux être remboursé dans le cadre de mon activité professionnel, ça fait vraiment partie de ma manière de voyager maintenant.


La mobilité douce en voyage

Pourquoi tu nous recommanderais de pratiquer la mobilité douce en voyage ?
Quels sont les atouts ?

Pour moi le voyage à vélo a de nombreux atouts. Des atouts économiques, car cela nous évite de payer des billets de transports. Des atouts écologiques, puisqu’on ne produit pas de gaz à effets de serre. Cela permet de faire du sport. Et c’est aussi un moyen fantastique de rencontres phénoménales avec les populations locales ! C’est vrai que dans des contrées assez reculées, du continent américain, le fait d’arriver avec son accoutrement de cyclotouriste au long cours, ça crée la curiosité des locaux. De suite, il y a des yeux qui pétillent : il y a alors une conversation qui se déclenche. C’était une découverte cet aspect là de la rencontre. Un autre avantage, du fait de l’itinérance, on peut avoir un étalement des bénéfices sur tout un territoire. C’est essentiel.

Le voyage a vélo : les préparatifs

Pourrais-tu nous transmettre tes conseils les plus utiles pour un voyage à vélo : la préparation, l’équipement, l’organisation du parcours,etc
Selon toi quels seraient les points les plus importants à retenir pour réussir un voyage à vélo ?

Le facteur temps, essentiel au voyage à vélo

Pour pouvoir voyager à vélo, au delà de l’aspect financier, un des facteurs essentiel à l’entreprise de ce genre de voyage, c’est le temps. Pour ma part j’ai du me défaire d’un certain nombre d’attaches en France. Or je crois que tout le monde peut se donner le temps pour réaliser ce type d’aventure. Bon, peut-être pas de 4 ans, mais pourquoi pas un petit peu moins ! Le facteur temps, essentiel au voyage à vélo car pour pouvoir parcourir un territoire, il avoir du temps.

La préparation physique et morale

Alors une préparation surtout morale. En effet, souvent on pense qu’il faut avoir fait le tour de France pour pouvoir faire du cyclotourisme. Je crois surtout que l’élément rédhibitoire c’est la préparation morale. Parfois, on se retrouve dans des lieux complètement extrêmes, angoissants, il faut avoir un moral d’acier. Une pugnacité finalement, à toute épreuve, pour pouvoir continuer à aller de l’avant.

La préparation du matériel

Personnellement, j’ai privilégié de camper dès que c’était possible. Ainsi je portais avec moi dans mes bagages, tout l’équipement de camping. Mais je n’étais pas limité à ce mode d’hébergement. Donc quand l’occasion m’était donnée, j’allais dans des hébergements ou chez l’habitant. Aussi j’ai eu rencontré des voyageurs cyclistes qui dormaient toutes les nuits en hôtels. Donc ils n’avaient pas besoin d’amener d’équipement de camping.

Le matériel essentiel, c’est d’avoir un vélo robuste, car pour moi en tout cas, je suis passé par beaucoup de chemins en terre. Il faut une bagagerie, des vêtements, et tout l’équipement de camping. Cependant cela dépendra des critères du voyageur. Quant à l’itinéraire, un critère essentiel c’est la flexibilité. Il faut avoir une idée globale de l’itinéraire, avec des choses à visiter. Et ensuite se laisser une marge de flexibilité en fonction des rencontres.

Quelle est ta vision sur le devenir du tourisme de demain ?

À ce sujet, on parle beaucoup de changement climatique. C’est vrai qu’il y a beaucoup de destinations qui sont confrontées à un tourisme de masse. Un tourisme désagréable et délétère pour les cultures locales. Donc on prend souvent en exemple Barcelone, Venise, ou d’autres destinations qui commencent à vouloir limiter drastiquement l’afflux touristique.

Personnellement, je crois qu’au contraire de ce tourisme de masse, de tourisme de bateaux de croisière, de ce tourisme de destinations, qui focalisent tout sur un même lieu. Je suis allé au Machu Picchu et j’ai été dévasté par cette gestion touristique qui détruit et dénature, le lieu. Aussi cela empêche les populations locales de vivre dans leur environnement. Par exemple, les coûts de la vie augmentent, la gestion des déchets devient complexe. Il y a des conséquences dramatiques sur ces divers aspects.

Un tourisme basé sur des expériences

Je crois au contraire que le tourisme de demain sera d’aller vers du sur mesure. C’est-à-dire un tourisme qu’on ne peut pas copier, coller d’un groupe de personnes à un autre. Donc il dépendra des envies et des besoins de chaque voyageur. Aussi je crois en un tourisme basé sur des expériences. Dans le sens où on va vivre une expérience unique, extraordinaire, et par petits groupes. Et aussi un tourisme en interaction avec les locaux pour des bénéfices réciproques.

Crédits photos de cet article ©David Gasc

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